NOIR COMME LA NEIGE
La dernière fois que je suis allée à la montagne j'avais 13 ans.
La montagne a toujours provoqué chez moi des sentiments très forts. Mais aussi très contrastés.
D'abord la vallée. Voies rapides. Horizons bouchés. J'ai toujours étouffé en fond de vallée.
Oppression
L'ascension en bus. Lacets serrés. Alternance de murs et d'à-pics. Flancs boisés. Et constructions humaines Route étroite. Les arbres tout prêt défilent, brouillent la vue. Impressions fugitives entre les barreaux de bois.
Malaise.
À mesure que l'on monte, la montagne se défait de ses barbelés ligneux. Le massif, auparavant découpe sombre sur ciel clair, émerge. Majestueux. Sommets enneigés.
Fascination.
Monter encore plus haut. Chercher l'air, la neige. Masses blanches et noires presque abstraites. Partout les installations humaines viennent ponctuer ou lacérer le manteau virginal, ou saigner la forêt. Mais de là-haut l'homme paraît si petit. Si dérisoire.
Vertige.
C'est la fin du séjour. Retour dans la vallée.De nouveaux l'air vient à me manquer. De nouveaux les branchages griffent le paysage à l'allure où le car m'emporte.
Et le massif disparaît à ma vue.
Regrets.
Un travail comme un court récit qui cherche à rendre compte par l'image de mes sentiments intérieurs. Une vitre- le car, l’œuf, le restaurant d’altitude- entre moi et cette montagne qui me met en abîme. Une mise à distance nécessaire. Une mise en silence. Pour amoindrir le vacarme de mes émotions. Quelque chose de noir. Ou de blanc. Mais rien dans la mesure en tout cas....
Ce travail a été publié sur le magazine en ligne de photographie contemporaine CORRIDOR ELEPHANT , août-septembre 2018
Cette exposition a été relayée par la revue TK-21 N°87 - 28 octobre 2018
Ce travail a été exposé fin 2018 à l'ATELIER CAPIFRANCE, Paris.